En 2035, en Europe, il est prévu que tous les nouveaux véhicules soient dépourvus de motorisation thermique, ce qui signifie qu’ils n’auront plus de moteur essence ou diesel fonctionnant aux carburants fossiles et émettant du gaz carbonique dans l’atmosphère. Dans ce contexte, les carburants de synthèse peuvent-ils être une solution à long terme ?
2035 : le tout électrique ?
Comment assurer une mobilité décarbonée à l’avenir ? Actuellement, l’électrification totale apparaît comme une réponse, bien que ses bénéfices environnementaux ne soient pas aussi complets qu’on pourrait le penser. Une alternative qui suscite également l’intérêt est celle des carburants de synthèse, souvent appelés e-carburants ou e-fuels. Ces carburants, élaborés à partir de CO2 et d’électricité bas-carbone, voire même à partir de déchets recyclables, intriguent de plus en plus les constructeurs automobiles.
Mais pourquoi cette attention croissante ? Peut-on les produire et les distribuer à grande échelle, et à quel coût ? Sont-ils réellement propres et représentent-ils une alternative sérieuse à l’électrification complète ? Ces questions sont cruciales pour comprendre l’engouement des constructeurs pour les carburants de synthèse.
Les e-carburants, ou e-fuels, suscitent des avis partagés. Certains y voient une solution viable, tandis que d’autres sont plus sceptiques, soulignant le besoin massif d’électricité propre pour alimenter plus d’un milliard de véhicules encore en circulation. De plus, le coût de production de ces carburants pourrait entraîner un prix à la pompe élevé, atteignant jusqu’à 4 euros hors taxe par litre.
Des tests effectués
Porsche s’est engagé depuis longtemps dans cette voie, motivé non seulement par la compétition, mais aussi par l’intérêt de nombreux propriétaires de modèles emblématiques comme la 911. Avec le soutien d’un consortium d’investisseurs, Porsche est passé de la recherche en laboratoire sur les e-carburants à la concrétisation industrielle d’une nouvelle usine au Chili.
D’autres constructeurs restent discrets sur le sujet, mais des initiatives, comme celles de Stellantis en région parisienne, montrent un intérêt croissant. Stellantis mène des tests récents avec des carburants de synthèse importés, évaluant la fiabilité et le plaisir de conduite sur les 28 familles de moteurs du groupe, impactant ainsi plus de 28 millions de véhicules en circulation en Europe.
Outre les avantages économiques, les tests en conditions réelles indiquent une consommation moindre des e-carburants par rapport aux carburants traditionnels, quel que soit le type de conduite (ville, route ou autoroute), réduisant la consommation de 2 à 3%. Cela pourrait influencer positivement la décision d’utilisation de ces carburants à l’avenir.
Il est crucial de souligner que la pertinence des carburants de synthèse dépend fortement de la source d’électricité utilisée pour leur production. Certains se basent sur le CO2 comme matière première, tandis que d’autres exploitent des déchets recyclables, créant ainsi des carburants biodégradables, non toxiques et réduisant les particules fines de 80%.
En France, les premières stations pour ces carburants de synthèse sont attendues en avril, bien que le pays ait privilégié la voiture électrique en raison de son approvisionnement en énergie nucléaire. Ces carburants nécessitent moins d’électricité, ce qui se reflète dans leur prix à la pompe, environ 15 centimes de plus que les carburants traditionnels.
Finalement, même des acteurs traditionnels du pétrole, comme le géant saoudien ARAMCO, s’engagent déjà dans la fabrication de carburants de synthèse. Cela témoigne de l’émergence de ces technologies comme une alternative crédible au pétrole conventionnel.