Le ministre des Transports sollicite les sociétés autoroutières pour qu’elles fassent preuve de générosité envers les usagers des péages. Cependant, derrière cette potentielle réduction temporaire se cache principalement une augmentation qui pourrait perdurer sur le long terme. Nous faisons le point dans cet article.
Une manœuvre qui pourrait en cacher une autre
Est-il nécessaire de faire un geste envers le peuple avant que les grandes manœuvres ne commencent ? C’est ce qui semble se profiler du côté des sociétés autoroutières dans les semaines à venir. Le ministre des Transports, Clément Beaune, attend en effet une concession de ces grandes entreprises (Vinci, APRR…) pour cet été. Ce matin, lors d’une entrevue avec RTL, Clément Beaune a souligné l’importance que les sociétés fassent ce geste commercial.
Le ministre espère une mise en œuvre plus rapide que l’année dernière : « Il est arrivé mi-juillet, cette année il faut le faire plus tôt« . Le gouvernement fixe déjà ses attentes : une réduction de 10 %, et même de 40 % pour les « voyageurs réguliers« qui bénéficient déjà de remises sur leurs trajets. Cependant, ces réductions estivales, destinées davantage à satisfaire les vacanciers qu’à soutenir les travailleurs, dissimulent une autre réalité : les automobilistes devront supporter le coût de la transition écologique et de l’investissement dans le secteur ferroviaire.
Deux secteurs concernés
Lors d’une longue entrevue accordée à nos confrères de Ouest France, Clément Beaune confirme les investissements prévus pour les modes de déplacement décarbonés : 100 milliards d’euros alloués au secteur ferroviaire d’ici 2040. Afin de contribuer à cet effort, deux secteurs sont ciblés : l’aviation, qui continue de bénéficier d’une exemption fiscale sur le kérosène. Cet accord a été conclu à la sortie de la Seconde Guerre mondiale au niveau mondial, constituant un obstacle et expliquant en partie pourquoi les billets d’avion sont souvent moins chers que les trajets en train à grande vitesse. Le second secteur concerné est bien évidemment le transport routier émetteur de carbone.
Voici les déclarations officielles Clément Beaune, Ministre délégué chargé des Transports de France : « Nous avons saisi le Conseil d’État pour savoir dans quelles conditions nous pourrions mettre à contribution le secteur autoroutier pour financer la transition écologique, l’investissement dans les transports, et notamment le train. Nous devrions avoir une réponse dans le mois. On a besoin de décarboner tous les modes de transport. La route, c’est encore 85 % des déplacements en France, notamment dans les zones rurales. Il faut que les secteurs carbonés financent les secteurs non carbonés pour offrir aussi des alternatives à la voiture. Je l’assume parfaitement. »
Si le secteur autoroutier doit contribuer au financement des alternatives à la voiture, cela se traduira finalement par l’automobiliste qui supportera la charge financière. Cela se manifestera certainement aux péages, mais également par le biais d’autres mesures telles que la fiscalité sur les véhicules et les carburants. Ce choix politique audacieux est délicat, étant donné la sensibilité de la question du budget des automobilistes, en particulier dans les zones rurales où il n’y a souvent aucune alternative viable. Même lorsque des alternatives comme le train existent, les services sont souvent discontinus (en raison de grèves, de problèmes techniques ou de suppressions d’horaires soudaines), ce qui décourage les Français de laisser leur voiture au garage.